Consensus formalisé: recommandations de pratiques cliniques pour la prise en charge de la migraine du patient adulte africain

24/07/2020   Info-Santé   1265   med.tn

Consensus formalisé: recommandations de pratiques cliniques pour la prise en charge de la migraine du patient adulte africain

Formalized consensus:
clinical practice recommendations for the management of the migraine in African adult patients

 

Mahmoud Ait Kaci Ahmed1, Monia Haddad2,&, Beugré Kouassi3, Hamid Ouhabi4, Alain Serrie5

 

1Hôpital Ait Idir, Alger, Algérie, 2Hôpital La Rabta, Tunis, Tunisie, 3Centre Hospitalier Universitaire de Cocody, Abidjan, Côte d’Ivoire, 4Hôpital

Militaire d’Instruction Mohammed V, Rabat, Maroc, 5Hôpital Lariboisière de Paris, France

 

&Corresponding author: Monia Haddad, Centre Hospitalier Universitaire de Cocody, Abidjan, Côte d’Ivoire

 

Mots clés: Migraine, Afrique, recommandation

 

Received: 22/12/2015 - Accepted: 03/04/2016 - Published: 25/05/2016

 

Résumé

La migraine est une céphalée primaire (selon les derniers critères de l'International Headache Society) qui affecte environ 8% de la population africaine. Les femmes sont plus fréquemment touchées que les hommes et les crises apparaissent le plus souvent avant l'âge de 40 ans. Bien qu'un certain nombre de traitements, de mesure hygiéno-diététiques, et d'autres méthodes non pharmacologiques permettent de limiter l'intensité et la fréquence des crises, la prise en charge médicamenteuse de la crise de migraine est très souvent nécessaire. La disponibilité des traitements et l'accès aux soins diffèrent sur le continent africain et ont conduit à la réalisation du 1er consensus d'experts pour la prise en charge du patient adulte africain. Destiné aux praticiens, ce travail collaboratif multinational a pour objectif de fournir 16 recommandations de pratiques cliniques simples, fondées sur les preuves, et adaptées aux conditions de l'exercice médical en Afrique.

 

Pan African Medical Journal. 2016; 24:81 doi:10.11604/pamj.2016.24.81.8695

 

This article is available online at: http://www.panafrican-med-journal.com/content/article/24/81/full/

 

© Mahmoud Ait Kaci Ahmed et al. The Pan African Medical Journal - ISSN 1937-8688. This is an Open Access article distributed under the terms of the Creative Commons Attribution License (http://creativecommons.org/licenses/by/2.0), which permits unrestricted use, distribution, and reproduction in any medium, provided the original work is properly cited.

 

 

Pan African Medical Journal – ISSN: 1937- 8688  (www.panafrican-med-journal.com)



Published in partnership with the African Field Epidemiology Network (AFENET). (www.afenet.net)


Abstract

Migraine is a primary headache disorder (according to the latest International Headache Society criteria) affecting approximately 8% of African population. Women are more often affected than men and attacks usually occur before the age of 40 years Although some treatments, hygienic- dietary measures and other non-pharmacological methods can reduce the intensity and frequency of attacks, medicinal treatment of migraine attack is often necessary. Availability of treatments and access to care differ in Africa and led to the implementation of the first expert consensus recommendations for the management of the migraine in african adult patients. This multinational collaborative study is intended for health practitioners. It aims to provide 16 simple, evidence-based recommendations and is adapted to african medical practice.

 

Key words: Migraine, Africa, recommandation

 

 Introduction

 

La migraine est une céphalée primaire, survenant par crises et pouvant se manifester avec et sans aura. L'aura correspond à un dysfonctionnement neurologique focal et transitoire qui précède la céphalée dans 93% des cas. L'aura visuelle est la plus fréquente (scotome scintillant et phosphènes), mais chez certains patients elle peut également être sensitive (fourmillements ou engourdissements unilatéraux) ou aphasique (trouble transitoire du langage) [1]. La migraine sans aura, autrefois appelée migraine commune ou hémicrânie simple, est la forme la plus fréquente (69 à 79% des cas) (Tableau 1). La migraine avec aura, ou migraine classique, est retrouvée chez 10 à 33% des patients migraineux (Tableau 2). D'un point de vue méthodologique, les études épidémiologiques sur la migraine sont difficiles à réaliser et les résultats sont parfois discordants. En effet, l'absence d'une définition standard, l'hétérogénéité de la maladie, parfois chez le même individu (intensité, fréquence, durée, symptômes associés,...), le phénomène de télescopage (fait de rapporter dans le présent des évènements survenus dans le passé) représentent autant de biais et freinent la réalisation   d'études   prospectives   [2, 3].   La   classification   des céphalées de l'International Headache Society (IHS) de 2004 a cependant permis d'adopter un langage commun, d'éviter le biais de la définition de la migraine et de limiter les variations des résultats entre les études épidémiologiques [4]. Il faut également ajouter que certains patients ne consultent pas, ou alors de manière retardée par rapport à l'apparition des symptômes [2]. Une large étude réalisée aux Etats-Unis a pu réduire les biais méthodologiques par une méthode mathématique et a estimé, à partir d'appels téléphoniques,  l'incidence  de  la  migraine  selon  l'âge  et  le  sexe durant l'année 1986-1987 [3]. D'après les auteurs, l'incidence annuelle  de  la  maladie  est  de  137/100  000  hommes  et  de

294/100.000 femmes. Les résultats indiquent que la migraine avec


aura commence 3 à 5 ans plus tôt que la migraine sans aura chez les deux sexes, et que la maladie commence plus tard chez les femmes par rapport aux hommes. Avant l'âge de 12 ans, la prévalence de la maladie est identique dans les deux sexes ou légèrement plus élevée chez les garçons. Elle augmente ensuite après l'âge de 12 ans et prédomine chez les femmes. Dans les pays européens et en Amérique du Nord, environ 12% de la population souffrirait d'épisodes migraineux, ce chiffre chutant à 8% dans les pays en voie de développement comme la Chine ou l'Afrique noire [1, 5-13]. Dans l'étude de Stewart et al., intégrant des patients de plusieurs ethnies vivant aux Etats-Unis, les caucasiens avaient la prévalence la plus élevée (20,4 % chez les femmes et 8,6% chez les hommes). Les afro-américains avaient un taux de prévalence de 9,2

% chez les femmes et de 4,8 % chez les hommes. Ces résultats suggèrent la présence d'une susceptibilité génétique à la migraine [2, 14]. La migraine est une maladie significativement invalidante. Elle limite l'activité quotidienne de plus de 50% des patients et empêche  toute  activité  dans  25  à  30%  des  cas  [2].  Les répercussions de la maladie migraineuse sur le travail et la scolarité sont donc  très  fréquentes.  Selon  les  études,  le nombre annuel moyen de jours d'absentéisme chez les migraineux varie entre 1,4 et 4 jours [15]. Mais même si certains patients ne s'absentent pas durant leurs crises, leur efficacité dans le travail est nettement diminuée   [2, 14, 16-18].   Des   problèmes   sociaux   extra   et intrafamiliaux sont également souvent recensés [15, 19].

 

Méthodes

 

Ces  recommandations  ont  été  élaborées  par  la  méthode  du consensus formalisé, de type Delphi-modifié, décrite par la Haute Autorité de Santé (HAS) française (HAS, 2010). Elle a reposé, d'une part, sur l'analyse et la synthèse critiques de la littérature médicale


disponible (PubMed), et, d'autre part, sur l'avis et les données non publiées d'un groupe de 16 spécialistes pratiquant sur le continent africain qui a réalisé une cotation en deux tours des propositions de recommandations établies par le groupe de pilotage.

 

Membres du comité de pilotage

 

Pr Mahmoud AIT  KACI AHMED,  Chef de service de neurologie, Hôpital Ait Idir, Alger (Algérie)

 

Pr Monia HADDAD, Centre de Traitement de la douleur, Hôpital La

Rabta, Tunis (Tunisie)

 

Pr. Beugré KOUASSI, Neurologue, Université FHB, CHU de Cocody,

Abidjan (Côte d’Ivoire)

 

Pr Hamid OUHABI, chef de service de neurophysiologie, Hôpital

Militaire d’instruction Mohammed V, Rabat (Maroc)

 

Pr Alain SERRIE, Professeur associé des universités, Chef de service, Hôpital Lariboisière de Paris, (France)

 

Membres du comité de relecture et de cotation

 

Dr  Patrice  BARASUKANA,  Professeur  à  l'Université  du  Burundi, Faculté de médecine de Bujumbura (Burundi)

 

Pr Lahoucine BARROU, Enseignant à la faculté de médecine et pharmacie de Casablanca, Directeur du Diplôme Universitaire d'Evaluation  et  Traitement   de   la  Douleur,   Chef   de  service d'anesthésie réanimation au CHU Ibn Rochd Casablanca, Président du Comité de lutte contre la douleur (CLUD), Casablanca (Maroc)

 

Pr  Mofou  BELO,  Chef  du  service  de  neurologie,  CHU  Sylvanus

OLYMPIO, Lomé (Togo)

 

Dr Noureddine BENGAMRA, Neurologue, ancien chef de service de

CHU, Directeur de clinique de Neurologie, Oran (Algérie)

 

Pr Ali CHERIF, Chef de service d'Anesthésie-Réanimation, Président de jury d’examens, Directeur du centre Tunisie de la Comité de l'European society of Anesthesiology (CEEA), Président du comité scientifique de la Société Tunisienne d'Anesthésie-Réanimation, CHU La Rabta Tunis, Faculté de Médecine de Tunis (Tunisie)


Dr Benjamin CLET TCHALEU NGUENKAM, Neurologue Enseignant, Hôpital général de douala Université des Montagnes, (Cameroun)

Pr Smail DAOUDI, Responsable du département de neurologie à la

faculté de médecine Mouloud Maameri, médecin chef  du service de neurologie, responsable de l'unité douleur CHU Nedir Mohamed de Tiziouzou (Algérie)

 

Pr Catherine DZIRI, Professeur en Médecine Physique-Réadaptation Fonctionnelle à la Faculté de Médecine de Tunis et chef de service à l'Institut National d'Orthopédie M.Kassab, Université de Tunis El Manar, (Tunisie)

 

Pr Rachid HSSAIDA, Anesthésiste réanimateur, Spécialiste dans le traitement de la douleur, Hypnose clinique et acupuncture Hôpital Militaire Rabat (Maroc)

 

Pr Jean Pierre ILUNGA MWENA, Chef des Travaux au Département d'anesthésie   et   Réanimation   des   Cliniques   Universitaires   de Kinshasa, à l'université de Kinshasa (RDC Congo)

 

Pr B Jean KABORE, Chef du service de Neurologie du CHUYO de

Ouagadougou (Burkina Faso)

 

Pr Moustapha NDIAYE, Neuropédiatre, CHU Fann Dakar (Sénégal).


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