Le cancer Mythe et réalité : le rôle du temps

Fléau des temps modernes, le cancer passe pour une maladie qui frappe, de façon inattendue, injuste et incompréhensible, des individus en pleine santé, de préférence jeunes, qu'elle va inévitablement tuer au terme d'une période prolongée et pleine de souffrances. La réalité est très différente de ce mythe : les cancers sont des maladies très diverses ; leur fréquence augmente avec l'âge, et leur survenue est d'autant plus fréquente chez les personnes âgées longtemps exposées à des facteurs de risque, pour la plupart identifiés; leur guérison est possible environ une fois sur deux, tous cancers confondus ; quelle que soit l'issue (guérison ou décès), la période de maladie est rarement longue : elle se fait d'un seul tenant ou avec une phase initiale courte puis, des mois ou des années plus tard, une ou plusieurs rechutes ; un cancer peut entraîner des douleurs mais leur traitement s'est beaucoup amélioré, les douleurs incontrôlables et prolongées étant devenues exceptionnelles.

Ces données traduisent de substantiels progrès. Parfois spectaculaires, plus souvent modestes mais répétés, ils concernent les connaissances fondamentales de la dégénérescence maligne. Ils aident à un abord plus complet et plus simple de chaque malade pour lui offrir un traitement personnalisé. Ils intéressent les moyens de traitement. Enfin, après le traitement, la réadaptation des malades les aide largement à « vivre comme avant ». Tous ces progrès ont justifié la création récente de la spécialité médicale de cancérologie avec deux branches principales, l'oncologie médicale et la radiothérapie.

Le cancer : Le rôle du temps

Sauf exception, la dégénérescence cancéreuse n’est pas subite, mais précédée pendant des années de modifications que l'on a le temps de reconnaitre et de corriger.

Cette cascade d’événements explique qu'il faille en général des dizaines d'années pour faire apparaître un cancer. Ce temps nécessaire est illustré par l'incidence des cancers selon l'âge. La moitié des cancers sont reconnus après 65 ans. Le vieillissement de la population est la principale cause de l'augmentation de la responsabilité des cancers dans les causes de décès.

Cet âge peut être avancé par la précocité d'une exposition (une personne qui commence à fumer à 15 ans raccourcit sa vie de 8 ans en moyenne alors que, si elle a commencé à fumer à 25 ans, elle la raccourcit de 4 ans seulement) ou par son intensité (un grand fumeur a bien plus de risques de faire plus tôt un cancer lié au tabagisme qu'un petit fumeur).

Au cours des années, voire des décennies, les conditions d'existence d'un individu peuvent varier. Le fumeur peut s'arrêter de fumer et récupérer à ce moment-là, après quelques années de sevrage, les mêmes risques, très faibles, de faire un cancer respiratoire qu'un non-fumeur.

Comme Celles d'un individu, les conditions de vie d'une population peuvent aussi s'améliorer. Cela a entraîné une diminution considérable, dans les pays industrialisés, des cancers du col utérin (par amélioration de l'hygiène génitale, notamment grâce à l'eau courante) et des cancers de l'estomac (par amélioration de l'alimentation, mieux conservée grâce aux réfrigérateurs). Inversement, on a observé une augmentation encore plus considérable des cancers du poumon à la suite d'une augmentation du même ordre de la consommation de tabac et à un moindre degré, de certaines tu meurs cutanée favorisées par des expositions solaires excessives.

Ces délais permettent de re connaître, lors d'un bilan de santé par exemple, des anomalies : pré disposant à un cancer. Ces états précancéreux permettent c sensibiliser un individu à des pratiques potentiellement dangereuses comme le tabagisme, de lui recommander des mesures, par exemple d'hygiène génitale, propres à faire régresser les anomalies observées.