Recommandation # 6 - Accord professionnel fort
Les décontracturants musculaires, les antiépileptiques, les antidépresseurs, les anxiolytiques, les corticoïdes par voie générale et les infiltrations épidurales ne sont pas indiqués dans le lumbago.
Les décontracturants musculaires représentent le traitement pour lequel il y a le plus de contradictions entre les différentes recommandations. Certains le recommandent en troisième intention après les antalgiques et les AINS [14]. S'ils sont plus efficaces que le placebo, ils n'ont pas l'efficacité des AINS et sont susceptibles d'induire des effets indésirables qui compromettent leur rapport bénéfice/risque [26,28]. De même, de nombreuses autres classes thérapeutiques ont été évaluées dans le traitement de la lombalgie aiguë. Aucune n'a démontré une efficacité suffisante pour justifier leur recommandation dans la prise en charge thérapeutique.
Les mesures non pharmacologiques
Recommandation # 7 - Accord professionnel fort
Le repos strict au lit ne doit pas être recommandé. Les activités de la vie courante, compatibles avec la douleur, doivent être poursuivies et encouragées, tout en évitant les mauvaises postures.
La poursuite des activités de la vie courante, compatibles avec la douleur, tout en évitant les mauvaises postures au travail doit être encouragée au cours de la lombalgie aiguë. Le repos au lit doit être évité le plus possible pour éviter la persistance des symptômes [29,30]. Au contraire, la reprise précoce des activités est source d'amélioration de la symptomatologie aiguë [31,32]. Une prise en charge initiale adaptée de la douleur doit pouvoir agir sur l'intensité et la durée de la lombalgie, contribuant à réduire ainsi l'incapacité fonctionnelle. De même, les peurs et croyances sur la relation douleur et activité physique doivent être évaluées, et peuvent faire l'objet d'une information voire d'une prise en charge ciblée. Il existe au moins six revues systématiques et 10 essais randomisés contrôlés ayant évalué l´effet du repos au lit pour la lombalgie aiguë [14,33-35]. En comparant le repos à d´autres traitements, notamment les exercices, la physiothérapie, les manipulations
vertébrales, ou les AINS, il a été montré soit qu'il n'y avait pas de différence, soit que le repos au lit donnait de moins bons résultats que ce soit sur la diminution de la douleur, le taux de récupération, le temps nécessaire pour retrouver leurs activités quotidiennes ou la durée des congés de maladie. Cinq études ont constaté que le repos au lit n´améliorait pas l'état du patient ou l'aggravait, comparé à l'abstention thérapeutique ou un placebo. Il semble maintenant y avoir un large consensus s'accordant à déconseiller le repos au lit en tant que traitement des douleurs lombaires. Quelques recommandations stipulent que si le repos au lit est indiqué (en raison de la gravité de la douleur), il ne devrait pas être conseillé pour plus de 2 jours. Les effets indésirables du repos au lit sont l'aggravation de la raideur, l´atrophie musculaire, la perte de densité minérale osseuse, et le risque de thrombose veineuse. L'alitement prolongé peut entraîner une invalidité chronique et peut nuire à la réadaptation [30,36]. Il n'y a pas de corrélation entre le maintien d'une activité de loisirs et l´intensité de la lombalgie [37,38]. Les patients souffrant de lombalgie aiguë peuvent ainsi faire en toute sécurité de faibles mouvements de flexion- extension [34,33]. Une revue systématique de huit essais randomisés contrôlés a constaté que les conseils pour rester actif sont associés à une amélioration plus rapide, une moindre incapacité chronique et une diminution des arrêts de travail par rapport au repos au lit ou par rapport aux soins habituels [35,39]. Deux études ont démontré des taux plus rapides de reprise, moins de douleur et d´invalidité, et cinq études ont mis en évidence une diminution des congés de maladie et de l'incapacité chronique par rapport au traitement médical classique. Enfin, une revue récente a également montré que le maintien d'une activité physique avait significativement réduit la douleur et amélioré la fonctionnalité à 3 - 4 semaines et à 12 semaines par rapport au repos strict au lit [14,34].
Recommandation # 8 - Accord professionnel relatif
L'acupuncture est peu pratiquée en Afrique. Elle n'est pas indiquée dans le traitement du lumbago,même si elle pourrait avoir une certaine efficacité du fait d'un effet placebo.
Dans une mise au point même si elle pourrait avoir une certaine efficacité du fait d'un effet placebo.
Dans une mise au point,Cassazza et al. indiquent qu'aucun avantage substantiel n'a été démontré avec l'acupuncture dans la prise en charge du lumbago [29'> Cassazza et al. indiquent qu'aucun
avantage substantiel n'a été démontré avec l'acupuncture dans la prise en charge du lumbago [29]. Comparée aux traitements pharmacologiques, l´acupuncture bénéficie d'une faible incidence d'effets indésirables, mais la preuve de son efficacité reste limitée [40,41].
Recommandation # 9 - Accord professionnel fort
Dans le contexte africain, les manipulations vertébrales ne sont pas recommandées. Elles pourraient avoir un intérêt dans la prise en charge du lumbago mais nécessitent un personnel qualifié sous peine de voir la situation clinique s'aggraver.
L'intérêt des manipulations vertébrales dans le traitement du lumbago est controversé dans la littérature, y compris avec un personnel formé et qualifié. D'après Chou et al., les cliniciens devraient envisager un traitement non pharmacologique telle que les manipulations vertébrales chez les patients qui ne présentent pas d'amélioration avec le traitement médicamenteux [25].
L'éducation et le suivi du patient
Recommandation # 10 - Accord professionnel fort
Il est recommandé d'éduquer le patient sur les facteurs de risque et les causes hypothétiques (information orale et/ou écrite) et de le rassurer sur le bon pronostic de l'affection (amélioration en moins d'un mois).
Le milieu ethnique et culturel peut affecter significativement les possibilités d'évaluer et de traiter la douleur aigue du dos, mais ne devraient pas être utilisées comme des stéréotypes. L'un des principaux objectifs de l'éducation est d'augmenter la volonté des patients à s'engager dans des activités qui ont été évitées depuis longtemps. Une revue non systématique a évalué l'efficacité des interventions éducatives pour les lombalgies [42,43]. Ainsi, la délivrance d´un livret pédagogique est susceptible de réduire le nombre de visites à un médecin généraliste pour lombalgies [44,45]. Une autre étude a montré qu´une séance pédagogique de
15 minutes avec une infirmière formée, ainsi que la remise d´un livret pédagogique et d'un appel téléphonique de suivi a permis une plus grande satisfaction à court terme et une meilleure connaissance perçue par rapport aux soins habituels [46]. Cependant, les symptômes, l'état fonctionnel et l´utilisation des
différentes modalités thérapeutiques n´étaient pas significativement différents [47]. En revanche, une revue Cochrane, réalisée récemment, a montré qu'une séance individuelle de 2,5 heures est aussi efficace qu'une intervention non éducative sur la douleur et la fonction à long terme. Des séances plus courtes, la distribution de livret de conseils sans entretien pédagogique ne semblaient pas efficaces [43].
La plupart des recommandations insistent sur l'importance de rassurer les patients en expliquant que la pathologie n'est pas grave et qu´une reprise rapide des activités peut être prévue [48]. Il est donc important de donner une explication complète dans des termes simples que le patient comprend comme, par exemple: le mal de dos est très fréquent; bien que les récidives soient fréquentes, l'évolution est en général très bonne; son origine pourrait provenir de différentes structures anatomiques, tels que les muscles, les disques, les articulations ou les ligaments.